Grain de beauté


Reproduction de l'interview du Dr Eric Ehrsam
3 rue Jules Ferry 59360 LE CATEAU




1/ Qu’est-ce que la vidéomicroscopie à épiluminescence ? Comment ça marche ? Quelle différence avec la dermoscopie ?
Dr Eric EHRSAM :
Il faut préciser quelques définitions.La microscopie à épiluminescence est synonyme de microscopie de surface ou dermoscopie (en anglais respectivement epiluminescence microscopy, cutaneous surface microscopy, dermoscopy).La dermoscopie peut être réalisée avec un matériel de base, très simple et bon marché : le dermoscope à main avec un facteur d’agrandissement de 10 à 20.Une station de videomicroscopie à épiluminescence comprend une caméra numérique munie d’un objectif microscopique à lumière incidente permettant un grossissement de 20 à 70x, reliée à un ordinateur pour le stockage des images, un moniteur pour la visualisation des images et éventuellement une imprimante couleur pour l’impression de clichés.Lors de l’examen d’une lésion pigmentée, une solution antiseptique transparente est appliquée sur la peau et le dermoscope est appliqué directement sur la peau., l’image est visualisée instantanément sur l’écran vidéo , au grossissement choisi qui peut être x20, x30, x50 ou x70.L’examen est donc extrêmement rapide sans aucun réglage particulier. L’image peut être enregistrée pour une interprétation ultérieure ou le suivi du patient. Dans ce cas il est judicieux de pratiquer un cliché macrographique qui sera enregistré permettant ainsi de lui rattacher l’image microscopique correspondante.J’utilise le Fotofinder ™Plusieurs autres sociétés proposent des matériels sensiblement identiques.
2/ Quel est le coût approximatif de l'investissement dans ce type de matériel ? En combien de temps est-il amorti? son utilisation fait-elle l'objet d'une consultation particulière? d'une tarification particulière ?
L’investissement global va chercher dans les 12 à 15000 euros, selon les matériels et les options possibles.Il n’y a pas de nomenclature pour la dermoscopie quelque soit le dispositif utilisé.Un dermatologue en secteur 2 répercutera le coût sur sa consultation par une majoration de son dépassement habituel.Pour un dermatologue de secteur 1 équipé d’une station de vidéomicroscopie à épiluminescence , il est également possible de faire un dépassement sous la forme d’un HN (hors nomenclature) qui vient s’additionner au montant de la consultation clinique . Cette option m’a été confirmée par écrit par le médecin conseil chef de ma CPAM. Je pense que l’on doit investir dans ce type de matériel si l’on croit à l’intérêt de la dermoscopie dans la pratique quotidienne.Le plus dur n’est pas de faire marcher l’appareil, mais de connaître la sémiologie dermoscopique qui nécessite un apprentissage comme toute sémiologie. De nombreuses formations sont maintenant disponibles par le biais d’EPU ou lors de congrès nationaux ou internationaux, sans compter de nombreux manuels ou CD ROM.La rentabilisation de l’appareil se fera par les dépassements d’honoraires, mais également par un afflux de patients supplémentaires, l’effet bouche à oreilles fonctionnant très rapidement.
3/ Peut-on imaginer d'intégrer son logiciel médical sur l'ordinateur fourni pour n'avoir qu'un ordinateur au cabinet?
Bien que cela soit possible, je ne pense pas que soit utile pour deux raisons : pour des raison s pratiques la station doit être proche de la table d’examen du patient d’une part, et d’autre part il y a toujours le risque d’avoir un problème sur son ordinateur.Une connection directe de la station au haut débit est intéressante pour la transmission des images. Sinon, on peut transférer très facilement des images par le biais d’une clé USB sur un autre ordinateur connecté.
4/ Le tri des iconographies est-il rendu plus facile que lors de la réalisation de photos avec un appareil numérique ? Comment cela fonctionne-t-il? La sauvegarde est-elle aisée?
C’est indiscutablement plus pratique et moins chronophage. Une fiche patient est crée très rapidement avec le nom et la date de naissance. La photo macrographique est rattachée d’un clic de souris à une image d’une partie du corps humain. La photo est numérotée automatiquement et l’image dermoscopique lui est affectée. Il n’y a donc aucun risque d’erreur quand on consultera ultérieurement a fiche.La sauvegarde est automatique sur un CD lors de la fermeture de l’application. Si l’on préfère on peut sauvegarder sur d’autre supports (clé, disque dur externe, ou sur un serveur dédié par le biais de l’ADSL).
5/ Quels sont les autres avantages par rapport à un dermoscope à main ?
- le confort lors de l’examen pour l’opérateur qui n’est pas obliger de « coller au patient » pour observer la lésion- la réalisation de cartographies macroscopique permettant un suivi simple- la visualisation de la lésion sur l’écran pour expliquer au patient- l’utilisation de grossissements à x50 ou x70 pour observer des détails (pseudopodes etc ..)- l’association d’un logiciel d’aide à la décision qui analyse l’image dermoscopique
6/ L'usage le plus connu de ce type d'appareil est la surveillance des naevi. Quelles en sont les autres applications?
Le diagnostic de toutes les lésions pigmentaires est facilité. De manière plus anecdotique, le diagnostic de gale en visualisant les sillons scabieux sur l’écran vidéo s’en trouve facilité.
7/ Quelle est la valeur des logiciels d'analyse des lésions? Est-ce une aide au diagnostic ou un moyen facile de surveillerla structure des lésions ?
Je pense qu’il ne faut pas s’appuyer sur ce logiciel et croire qu’il permettrait de faire l’économie d’un solide apprentissage sémiologique. Cela dit en pratique, il permet effectivement de faire des comparatifs sur l’évolution d’une lésion entre deux examens distants, car le moindre changement est noté.
8/ Quelle est approximativement la corrélation entre l'interprétation que vous faites d'une image vidéomicroscopique et l'histologie d'une exérèse ? Tous les mélanomes superficiels que j’ai retirés étaient suspectés sur le plan clinique et dermoscopique.
Les mauvaises surprises viennent des mélanomes achromiques. Il s’avère pourtant que cet outil permet le diagnostic de mélanomes achromiques en retrouvant une sémiologie vasculaire spécifique comme l’ont montré les nombreuses communications au Congrès Mondial de Dermoscopie à Naples en mai 2006.
En toute honnêteté, après 4 ans d’expérience, il m’est difficile si ma performance diagnostique a augmenté. Je serais tenté de dire que oui. Ce qui est certain est que la videomicroscopie à épiluminescence m’a conforté dans mes diagnostics pré-opératoires des mélanomes superficiels et m’a permis sans doute d’éviter des exérèses inutiles et des diagnostics différentiels rapides sur des lésions pigmentées bénignes (verrues séborrhéiques, lentigos, basocellulaires taoués etc…).
9/ Tout matériel technologique est susceptible de défaillir et doit être entretenu. Ce matériel fait-il l'objet d'une maintenance? d'une assistance technique? Quel est leur coût?
Une installation sur site avec prise en main est faite par le revendeur. L’emploi est très simple et il n’y a pas besoin d’une assistance. Un interlocuteur doit être joignable sans plus.
10/ Une conclusion? Des références ?
Je dirais que c’est un très bel outil à réserver aux dermatologues qui maîtrisent la dermoscopie. Il contribue à donner une image moderne du cabinet et fidélise une clientèle notamment pour la surveillance régulière des patients à risques.Quelques références générales :- Braun et al. Dermatoscopie des lésions pigmentées. Ann Dermatol Venereol 2002 ; 129 : 187-202- Marghoob et al. Instruments and new technologies for the in vivo diagnosis of melanoma. J Am Acad Dermatol 2003; 49: 777-97
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